La loi Climat et Résilience inscrit la rénovation thermique des logements comme un incontournable pour la prochaine décennie. De même que la fin de l’artificialisation des sols. Dans ce contexte, la surélévation des bâtiments apporte une solution loin d’être négligeable bien que controversée. Explication.
Surélever un bâtiment ne s’improvise pas. Pour rehausser un immeuble d’un ou plusieurs niveaux sans modifier l’emprise au sol, une étude de faisabilité doit être menée. Objectif : vérifier l’adéquation du projet en tenant compte de la toiture, de la solidité des murs, des matériaux constituant l’ossature du bâti existant (béton, bois, acier…), du type de charpente, etc. Bref, une opération d’exhaussement s’invite au rang des projets d’envergure !
Un projet de surélévation d’un immeuble en copropriété peut être à l'initiative d’un seul copropriétaire (celui habitant au dernier étage notamment) ou du syndicat des copropriétaires. Dans le premier cas, la surélévation est un projet à titre privé qui implique l’accord des autres copropriétaires. Dans le second cas, il s’agit d’une réalisation collective à la charge de l’ensemble des copropriétaires. Depuis la loi Alur, le vote de la surélévation de l’immeuble ne nécessite plus l’unanimité, la double majorité ou la majorité absolue suffit. Plusieurs lots seront alors créés puis vendus, constituant ainsi une source de financement pour réaliser des travaux sur la structure principale du bâtiment et ainsi participer à l’amélioration de sa performance énergétique. Les habitats nouvellement créés répondront, en outre, aux nouvelles normes énergétiques et thermiques (comme la RE 2020 actuellement en vigueur) diminuant ainsi les charges foncières.
Cette rénovation thermique fait ainsi écho à la loi climat et résilience adoptée le 24 août 2021. Autre point important de cette loi : la fin de l’artificialisation des sols. Autrement dit, il sera bientôt impossible de convertir des terres agricoles, forestières ou naturelles en lieu urbanisé. La surélévation des bâtiments répond alors à cet enjeu en permettant de créer de nouvelles surfaces habitables - rappelons que le mal logement concerne encore aujourd’hui 4,1 millions de personnes en France - sans consommer de nouveaux terrains. 10 000 immeubles, soit 40 000 potentiels nouveaux logements, seraient concernés à Paris. Mais en pratique, entre les coûts, les incitations pour convaincre les copropriétés et les obstacles politiques, la surélévation n'est pas si simple.
La surélévation de bâtiment reste un chantier de gros œuvre qui nécessite 10 à 12 mois de travaux. Outre les nuisances sonores pour les habitants de l’immeuble, le voisinage peut également être impacté : affaissements, fissures, etc. C’est pourquoi, bien souvent, la surélévation de bâtiment est confiée à un tiers qui gère tous ces sujets. À noter que la surélévation d’un immeuble récent à toit plat s’avère plus compliquée (et donc plus coûteuse !) que la surélévation d’un immeuble ancien équipé d’un toit à pans inclinés. La charpente est, en effet, beaucoup plus facile à démonter et la rénovation de l’étanchéité plus simple. Dernier inconvénient de ce type de projet : le coût. Comptez entre 2 500 et 4 500 € TTC par m² à Paris, un peu moins dans des villes plus petites. Mais tous ces arguments ne sont rien face au défi de la transition énergétique qui nous incombe !