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Rencontre avec Hervé Demeure

Rencontre avec Hervé Demeure

Comme tous les mois, nous donnons la parole à un professionnel de l'immobilier pour mieux décrypter l'actualité et les changements qui s'opèrent sur ce secteur. Aujourd’hui, pour ce nouvel épisode de « Rencontre avec », nous avons échangé avec Hervé Demeure, Cofondateur de Continental Foncier, société spécialisée dans la construction d’ossature bois.

Deborah Labre, CMO de Fundimmo

Hervé Demeure, bonjour, est-ce que je peux vous laisser vous présenter à nos investisseurs en quelques mots ?

Je m'appelle Hervé Demeure. Je suis cofondateur de Continental Foncier qui est une société que nous avons créée en 2008 avec un associé, Alain Tricoche. Alain a un parcours de constructeur puisqu’il avait une entreprise générale, et moi je viens plus particulièrement de l’aménagement, du lotissement, après avoir travaillé précédemment dans l’industrie.

On a créé cette entreprise en 2008 pour faire de l’aménagement et de la promotion et très vite on en est venus à faire de la construction d’ossature bois. Nous sommes implantés à Montlhéry dans l’Essonne, nous intervenons dans l’Essonne essentiellement et d’une manière générale sur tout le sud Francilien.

Responsable, écologique, solidaire sont des termes de plus en plus utilisés et de plus en plus glorifiés. On pourrait presque parler de buzzwords aujourd’hui. Mais en l’occurrence pas lorsque l’on parle de Continental Foncier. Vous êtes clairement un précurseur en la matière dans le secteur de l’immobilier, qu’est-ce qui vous a inspiré ? Qu’est-ce qui a motivé la vision que vous portez aujourd’hui ?

Quand nous avons créé Continental Foncier, dès 2008, nous avons eu une prise de conscience : le monde de l’immobilier, de la construction d’une manière générale, évoluait très peu, il était à l’époque très à la traîne comparé à d’autres secteurs industriels que ce soit l'automobile ou l'informatique. Tous ces domaines-là évoluaient de façon extrêmement rapide mais pas le monde de la construction. C’'est le premier constat que nous avons fait et le second était que les questions environnementales allaient devenir de plus en plus prégnantes à l'intérieur de cette activité et qu'il fallait commencer à anticiper ce que serait éventuellement la construction et le modèle constructif dans les années à venir. C'est pour cela que nous avons réfléchi à de nouveaux modèles et que nous nous sommes orientés très vite vers la construction « ossature bois » qui nous semblait le moyen le plus simple, le plus rapide et le plus efficace surtout, pour commencer à répondre à ces problématiques environnementales autour de la construction. En revanche, à l'époque, le problème de la construction bois c'est qu'elle était extrêmement élitiste, lorsque l’on imaginait des constructions bois on voyait de très belles maisons d'architectes valant très chères et dans des lieux magnifiques. L’idée était plutôt de se demander comment est-ce que nous allions faire pour rendre ce modèle constructif abordable et accessible à tous ? C’est pour cela que nous avons décidé qu'il fallait travailler sur des systèmes constructifs existants et qu'il fallait aller plus loin. La démarche que nous avons eu a été de partir du principe que cela ne pouvait fonctionner que si l’on travaillait sur des produits très industrialisés. Il n'était pas question de rester sur des modes constructifs fabriqués de manière artisanale, sans que l’artisanat soit quelque chose de dévalorisant, mais les objectifs que nous nous étions fixés nécessitaient impérativement de travailler avec des industriels capables d'avoir des capacités de production importante, une fiabilité et une qualité récurrente au fil de l'activité que nous voulions porter avec Continental Foncier. C'est un pari qui a été payant puisque nous sommes parvenus à avoir assez rapidement des prix de revient qui permettaient d’offrir cette qualité et ce respect environnemental à nos clients.

D’accord et de le rendre finalement très accessible.

Voilà. Ça s'est accompagné également d’une première réflexion autour du mur du modèle constructif et d’une seconde réflexion autour de l'aspect « chantier » de nos opérations où nous sommes passés d’un modèle de constructeur où on amène des matériaux sur site qui sont assemblés sur site etc., à un métier d’ensemblier où l'objectif est d’intégrer le plus de fabrication en usine et d'avoir le moins d'opérations possibles sur le chantier.

Sur place, d’accord.

Oui, donc c’était une conception que l’on a appelé « d’ensemblier du bâtiment ».

Et c’est vrai qu’en 2008 cela ne devait pas du tout se voir finalement comme technique, comme manière de faire.

Non, nous étions un peu considérés comme des martiens ! Mais très vite nous nous sommes rendu compte que c'était effectivement la bonne solution concernant l'aspect chantier et construction. Nous avons également vite pris conscience que le normatif allait évoluer très rapidement. Après la RT 2005, la RT 2012 s’est mise en place et nous savions qu'il y aurait une nouvelle norme de réglementation qui allait se mettre en place aux horizons 2020 donc on a pris le parti dès le début d'anticiper les nouvelles réglementations de manière que ce ne soit plus considéré comme une contrainte chez nous, mais que cela devienne un véritable atout.

Une opportunité.

Voilà. Ça a parfaitement fonctionné puisque nous avons livré nos premiers programmes RT 2012 avant que la norme ne soit en vigueur, et maintenant nous livrons aussi des programmes qui sont déjà dans l'anticipation de ce que sera la future réglementation RE 2020 qui se mettra en place l’année prochaine.

Cette démarche a été bien perçue puisqu'en 2018 nous avons été sollicités par l’ADEME - Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie - pour participer à l’OBECl’Objectif Bâtiment Énergie Carbone -qui était l’observatoire de réflexion et de validation de ce que seraient les règles de la nouvelle RE 2020. C’était un élément important pour nous parce que cela nous a permis de nous projeter dans cette nouvelle règlementation et maintenant nous sommes tout à fait prêts à la mettre en œuvre sans que cela génère, chez nous, de surcouts de construction importants. Nous maintenons notre philosophie qui vise à dire que la construction bois et la construction durable d’une manière générale ne sont pas l’apanage d’une certaine catégorie de la population. C’est quelque chose qui doit maintenant se démocratiser.

Est-ce que vous pensez que l’immobilier, le secteur, prenne la bonne direction en matière d’écologie, en matière de durable mais aussi en matière de solidarité qui est un terme que vous mettez beaucoup en avant sur votre site. Est-ce que les acteurs de ce secteur sont vraiment en train de se réinventer ?

Il y a plusieurs éléments, d’une part il y a des mutations qui sont en cours : le comportement des habitants dans les logements a commencé à évoluer, nous commençons à sentir certaines réticences par rapport à la taille des logements, leur aménagement, etc. et tous ces phénomènes-là ont été amplifiés par la crise sanitaire. Il y a, aussi, la pression des pouvoirs publics qui est très forte, nous le voyons au travers de la mise en place de la nouvelle réglementation RE 2020, mais également au travers de l’implication de la région IDF par exemple autour du Pacte Bois-Biosourcés. C’est donc la conjonction d’une demande du marché et la pression des pouvoirs publics qui amènent les grands promoteurs, tous les promoteurs d’une manière générale, à s’adapter à ces nouvelles contraintes qui n’en sont pas finalement. C’est juste une évolution normale. Le constat que nous avons fait il y a plus de 10 ans reste malheureusement encore valable. Ces sujets seront pleinement considérés dans l’avenir, d’autant que ces tendances ne sont pas spécifiquement françaises. Ce sont des tendances mondiales qui vont amener une industrialisation extrêmement importante des métiers du bâtiment. Nous allons, de plus en plus, fabriquer en usine des éléments complets qui seront ensuite assemblés sur site, que ce soit comme nous le faisons - des murs simplement amenés sur site - ou bien des constructions modulaires c’est-à-dire des pièces entières fabriquées en usine. Cela passera également, par une numérisation du monde du bâtiment, c’est indispensable. C’est ce que devront entreprendre les entreprises du bâtiment et les industriels. Et puis, il y aura aussi un enjeu directement lié aux pouvoirs publics à travers la simplification réglementaire et de manière générale à travers une nouvelle approche réglementaire qui devra être adaptée aux nouveaux comportements. Et enfin, d’importants efforts de formation sont à prévoir pour redonner de la qualité de travail aux intervenants sur les chantiers, d’autant plus que nous avons assisté à une perte importante de savoir-faire, largement densifiée par le recours à la sous-traitance étrangère, etc. En somme, nous redécouvrons chez nous en France tous ces savoir-faire au travers de l’industrialisation, de la numérisation et de la qualité opérationnelle. Encore une fois ce n’est pas spécifique à la France, c’est une tendance mondiale.

Pour concevoir ces villes plus saines, pus écologiques, plus durables, vous soulignez sur votre site l’importance de la coopération des élus et des partenaires sociaux. Est-ce que vous avez des exemples de projets qui ont essentiellement reposés sur ce dialogue, sur cette fluidité, sur ces échanges entre les différents acteurs ?

Oui, alors c’est une démarche que nous avons initiée il y a plusieurs années déjà et qui consiste à dire qu’un projet immobilier doit s’intégrer dans son territoire. Ce qui s’est passé en 2018 avec la crise des gilets jaunes est une des conséquences de cette non-adéquation de l’organisation à l’échelle du territoire. C’est une des raisons. Il devient alors décisif de s’appuyer sur le territoire pour concevoir le projet et pour concevoir un projet qui soit de taille raisonnée. L’objectif ce n’est pas d’aller planter n’importe comment des projets qui ne vivront que sur eux-mêmes et où les habitants seront coupés du reste de leur environnement. Donc nous commençons par faire une analyse détaillée de ce territoire et ensuite nous faisons intervenir les élus, en premier lieu, autour de la réflexion du projet afin de répondre à leurs besoins - s’il faut des logements sociaux ? s’il ne faut pas de logements sociaux ? s’il y a de gros besoins de faire venir plus de population rapidement ? il peut y avoir des problèmes d’école par exemple - d’analyser toutes ces situations et une fois que nous avons commencé à élaborer un cadre de projet c’est là que nous allons travailler, si nécessaire, avec des associations, des riverains, des commerçants, de manière à ce que le projet prenne forme en adéquation avec tous ces gens, forcément ça ne correspond pas toujours à un souhait immédiat, en tout cas à la vision que pourrait avoir ces gens qui vivent autour de ce que devrait être le projet. L’exemple le plus typique que nous avons, c’est le projet Morigny-Champigny qui se trouve dans le sud de l’Essonne à côté d’Étampes dans lequel la problématique était de construire très vite des logements sociaux, la ville étant extrêmement carencée et nous nous trouvions sur un site très particulier - c’était un site inscrit Monument Historique - et en centre-ville. Du projet initial qui faisait une cinquantaine de logements, des commerces, une maison des associations, nous sommes passés à une vision beaucoup plus large, une vision à 20 ans de ce que devrait être l’évolution du cœur de ville de cette petite commune. Nous sommes finalement parvenus à recréer une place centrale, des commerces en connexion avec tous les parcours pédestres qui pouvaient y avoir autour. Dans la mesure où le projet était sur un bord de rivière, nous nous sommes aussi beaucoup interrogés sur la manière de restituer les berges de la rivière aux pêcheurs, aux riverains, etc. Tout ce système a remarquablement bien fonctionné et nous sommes passés d’un projet de promotion pure à ce que l’on a appelé un « éco centre-bourg » dans lequel bien entendu la ville participe que ce soit financièrement au travers des travaux mais aussi à cette vision sur une période de 10, 15 ou 20 ans pour qu’à échéance la ville ait retrouvé une qualité de vie autour de ce projet par sa centralité.

Un très grand merci à Hervé Demeure pour ses réponses !

🎬 Retrouvez l'interview vidéo d'Hervé Demeure

 

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