Entre télétravail, “flex office” et co-working, le “bureau” ne cesse de se réinventer au gré des tendances et des contextes professionnels. Et la Covid-19 est venue ajouter sa pierre à l’édifice en privant pendant plusieurs mois les salariés de leur lieu de travail. Quid du bureau de demain alors que la vie normale reprend progressivement ses droits.
Depuis plusieurs années déjà, le “bureau” se transforme drastiquement pour accompagner les mutations de notre société. Plus digitaux, plus flexibles, plus conviviaux, les espaces de travail se redéfinissent et l’essor du télétravail ne fait que renforcer ces tendances. Avec 3,6 jours de télétravail par semaine en moyenne et par salarié depuis la fin du confinement, l’entreprise voit dans ces bureaux vides une opportunité de réaliser des économies. Rien qu’en Ile-de-France, plus de 3,5 millions de mètres carrés d’espaces de bureaux pourraient être libérés, soit 7 % du parc total, selon l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF).
Du “flex office” au bureau partagé...
Le “flex office” s’invite de plus en plus dans le quotidien des salariés. Loin de faire l’unanimité, il concerne déjà 17 % d’entre eux (contre 6 % en 2017). Au rang des griefs invoqués : l’insécurité émotionnelle et la productivité. Delphine Minchella, chercheuse en science de gestion, ne mâche pas ses mots sur le sujet : “Les recherches en sciences du travail le démontrent depuis les années 1970 : les relations informelles ont un grand impact sur la productivité, la motivation, mais aussi sur l’innovation organisationnelle. Or, en demandant à des gens de ne pas avoir une localisation claire dans l’espace organisationnel, vous brouillez les cartes et vous empêchez ceux qui travaillent souvent ensemble ou qui simplement s’apprécient, de se regrouper”. Selon une étude de Deskeo, 60 % des entreprises envisagent pourtant de passer au “sans bureau fixe” après la pandémie… Mais d’autres alternatives existent ! L’immobilier de bureaux tend ainsi à développer des bâtiments connectés et des services digitaux dédiés aux occupants. En basant son approche sur les usages et les nouvelles attentes des salariés, ce sont toute une panoplie de services qui sont naturellement intégrés au bâti : accueil, gestion des accès, wifi, réservation de places et de salles de réunion, services de conciergerie, de transport ou de restauration. Et la possibilité de partager ses bureaux avec d’autres entreprises pour réaliser quelques économies...
...jusqu’à sa reconversion en logement
Outre les promoteurs immobiliers, l'hôtellerie se transforme aussi et propose de plus en plus d’espaces de co-working pour répondre à la tendance de bureaux conviviaux et flexibles. Le groupe Adagio et ses "Apart’Hôtels" en est un exemple puisque ses appartements de travail opèrent un relooking pour accueillir désormais des équipes de deux à huit personnes. Le taux de vacance des bureaux reste néanmoins une réalité prégnante dans certaines grandes villes. Le volume de bureaux vides en Ile-de-France s’élève ainsi à près d’1,2 million de m². C’est l’effet pervers de ces entreprises qui veulent aujourd’hui miser sur des bâtiments attractifs, accessibles et en adéquation avec les nouveaux usages et délaissent leurs anciens locaux. À l’heure de la crise du logement, ne pas exploiter ces espaces vides serait une hérésie. C’est pourquoi une tendance de fond est à l'œuvre pour requalifier ces bureaux en logements. Le Gouvernement encourage cette requalification mais “la loi ne suffit pas”, rappelle Meka Brunel, directrice générale du Gecina. “La participation des acteurs privés est nécessaire pour renforcer l’effort collectif”. Selon la Ville de Paris, près de 600 000 m² de bureaux ont ainsi été convertis depuis 2001, permettant la création de 400 à 500 logements chaque année. L’économie circulaire s’invite décidément partout !
1 Etude Actineo, Observatoire de la qualité de vie au bureau, 2020